Je sais qu'après les cyclones dévastateurs qui l'ont secouée, la presse écrite locale n'a plus trop le vent en poupe. Est-ce une raison suffisante pour ne pas aller chercher quelque prou(e) dans la tête de mes anciens collègues ou confrères ? Me soupçonner de pareille bienveillance serait mal me connaître.
C'est donc, toute honte bue, que je vais évoquer l'écueil sur lequel notre journaliste a brisé sa coque, en l'occurrence l'expression vieillie « peu ou prou » où le « prou » en question n'a évidemment rien à voir avec son homophone « proue », qui désigne la partie avant d'un navire.
L'adverbe « prou », car il s'agit d'un adverbe, vient de l'ancien français « proud » qui a d'abord signifié « profit, avantage », puis « beaucoup, assez ». C'est comme tel qu'il fut initialement compris dans la locution « peu ou prou », avant que cette dernière ne devienne le synonyme de « plus ou moins » et non de « peu ou pas du tout », comme on le croit souvent à tort. Peut-être faut-il voir dans ce contresens une confusion avec l'expression archaïque « ni peu ni prou » (en aucune façon, pas du tout). Mais ça, c'est une autre histoire…
En attendant, au moment de clore ce billet, la nostalgie me gagne. Et je me dis qu'il est loin, bien loin, le temps où Le Quotidien était considéré comme la figure de proue des journaux réunionnais en matière d'orthographe !
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