De nombreuses erreurs de langage prennent leur source dans la confusion entre deux expressions voisines. Ainsi, la locution fautive mais ô combien répandue « loin s'en faut » est-elle le fruit de l'union malheureuse de « loin de là » avec « tant s'en faut ». Ces déformations linguistiques sont d'autant plus sournoises qu'elles sonnent plutôt bien à l'oreille, au point de passer inaperçues et de s'installer en douceur dans l'usage.
Il en est ainsi de la formule impropre « déposer plainte » (vous viendrait-il à l'esprit de dire déposer main-courante ?) qui n’est autre que le croisement de « porter plainte » et de « déposer une plainte », tournures, elles, parfaitement correctes. Pour l’anecdote et sans méchanceté aucune, je citerai un de nos anciens correspondants sportifs qui, par un savoureux mélange de « trou de souris » et « mouchoir de poche », avait donné vie à l’expression « s’infiltrer dans un trou de mouchoir », qui restera à tout jamais gravée dans les mémoires du Quotidien.
Pour en revenir à la construction erronée « déposer plainte », le petit monde des linguistes, l’Académie française en tête, a beau la condamner sans restriction, elle a aujourd’hui pignon sur rue dans les médias. En voici quelques exemples pris au hasard dans la presse numérique du jour :
« Loïc Dombreval a déposé plainte, mercredi, à la gendarmerie de Vence. » (Var-Matin)
« Une jeune fille a déposé plainte, lundi 3 janvier 2022, pour des violences qu'elle aurait subi à la Maison familiale et rurale de La Meignanne. » (Ouest-France)
« La présentatrice vedette de CNews avait déposé plainte contre X pour menaces de mort et harcèlement téléphonique. » (Le Parisien)
Devant tant d'actes de barbarisme, les ardents défenseurs de la langue française n’ont plus qu’une alternative : se taper la tête contre les murs du commissariat le plus proche ou... porter plinthe.
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