mardi 1 février 2022

Dont acte

Lu dernièrement :« Ce dont on a besoin, c’est d’une politique associative ambitieuse, de personnels formés, pour pouvoir prévenir plutôt que guérir" estime Jimmy Bègue, directeur de la Maison des associations (MDA) de Saint-Benoit, située à Bras-Fusil. » (Imaz Press Réunion)

Au vu des nombreuses maladresses dont il est quotidiennement la source, ce dont-là n’est pas un cadeau du ciel pour les usagers de la langue française que nous sommes. À l’oral, ce qui peut se comprendre, mais encore trop souvent à l’écrit. 

Don’t worry ! La meilleure façon d’en dompter l’usage est d’abord d’en maîtriser le sens. Pouvant représenter des personnes comme des choses, le pronom relatif « dont » signifie « de qui », « de quoi », « duquel », « de laquelle », « desquels », « desquelles », voire « au sujet duquel ». Portant naturellement en lui la préposition « de », il ne peut donc dépendre d’un complément introduit par cette même préposition. Une phrase telle que « C’est de lui dont je vous parle » relève ainsi du pur pléonasme. Elle revient à dire « c’est de lui de qui je vous parle », attelage, vous en conviendrez, à tout le moins bancal. Seules sont correctes les formes « c’est lui dont je vous parle » et « c’est de lui que je vous parle ». 

L’erreur provient le plus souvent d’une confusion phonétique entre « c’est cela dont » et « c’est de cela que ». Elle est particulièrement fréquente avec la locution « dont il s’agit ». Les meilleurs journaux n’y échappent pas : « Euthanasie : ‘’Tuer ? C’est de cela dont il s’agit !’’ » (Le Figaro). Celui qui est aujourd’hui le plus ancien titre de la presse nationale (il a vu le jour en 1826 sous le règne de Charles X) aurait été plus inspiré d’écrire : « C’est cela dont il s’agit » ou « C’est de cela qu’il s’agit ». 
Dont acte ?

Remarque 1. Depuis le XVIIe siècle, il est de tradition d’employer « dont » pour exprimer l’origine, la descendance (« la lignée dont je suis issu ») et « d’où » pour évoquer un déplacement hors d’un lieu (« l’immeuble d’où il est sorti). Cette distinction est toutefois de moins en moins respectée, chacun des deux termes ayant aujourd’hui tendance à empiéter sur le territoire autrefois réservé à l’autre.

Remarque 2. Ainsi que le souligne le grammairien Adolphe Thomas, « dont » ne doit pas « introduire une relative qui renferme un adjectif possessif en rapport avec l’antécédent. En clair, on ne dira pas « la maison dont j’aperçois son toit de tuiles roses » mais « la maison dont j’aperçois le toit de tuiles roses ».

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