mercredi 2 février 2022

Jeux olympiens

Lu il y a quelques jours : « Une exposition sur les Jeux olympiques, les champions handisports et des olympiens réunionnais a aussi été présentée. » (Imaz Press Réunion)

Les Jeux olympiques d’hiver 2022 débutent vendredi à Pékin et dans plusieurs autres villes de Chine. Le coup d’envoi de trois semaines de compétitions planétaires qui, n’en doutons pas, vont faire les gros titres des rubriques sportives. Je les vois déjà, ces titres, en lettres bleues, blanches et rouges : « Le rêve olympien des Français », « Les Français au pied de l’Olympe », et enfin, suprême récompense, « Les Français au sommet de l’Olympe ! » Cocoricoooooo !

Vous n’avez rien remarqué ? Cherchez bien ! Il est vrai que l’erreur a beau être énorme, personne ne s’en émeut tant elle est aussi enfoncée dans nos habitudes de langage qu’une paire de skis dans la « poudreuse ». Et ne comptez pas sur les linguistes pour vous mettre sur la piste. Les pentes glissantes ne sont pas leur terrain de jeu favori. 
Difficile, pourtant, de ne pas sourire quand certains journalistes poussent l’incohérence jusqu’à se demander si « la préparation olympique de l’équipe de France suffira à la mener jusqu’au Graal olympien ». A moins d’être un virtuose du grand écart, la performance relève clairement de l’impossible. 

Pour ceux qui l’ignorent, et je sais par expérience qu’ils sont nombreux, l’adjectif « olympien » est à des lieues de l'olympisme. A dix bonnes heures de route en car pour être précis, et pour avoir pratiqué les transports en commun grecs, je suis bien placé pour vous dire qu’un tel trajet donne droit à la médaille d’or du courage. « Olympien » signifie en effet « relatif à l’Olympe », massif montagneux de Thessalie qui servait de résidence aux douze principales divinités grecques. Rien à voir donc avec son paronyme « olympique » qui tire son origine de la ville du Péloponnèse Olympie, berceau des Jeux olympiques de l’Antiquité.
Moralité : on devrait parler de rêve ou d’objectif olympique tout comme on parle de médailles, de podiums, d’épreuves et de champions olympiques. Dans ce contexte sportif, toute allusion à l’Olympe est pour le moins… déplacée. 

Mais voilà, sport et histoire ne font pas forcément bon ménage. Bien avant la naissance de Pierre de Coubertin, nombre d’écrivains ont trébuché sur l’obstacle sémantique qui se présentait à eux. Aujourd’hui, la confusion entre « olympique » et « olympien » s’est répandue à la vitesse grand V dans l’usage courant, dépassant largement le cadre des JO. Ainsi, ne se passe-t-il pas un jour sans que les journaux n’évoquent les « Olympiens » en parlant des joueurs de l’Olympique de Marseille ». « Les Olympiens reçoivent le MHSC au Vélodrome pour le compte des 8es de finale de coupe de France » (La Provence), « OM : « Je n'aime pas qu'on me surnomme " le Tank " », les premiers mots de Sead Kolasinac sous le maillot Olympien » (20 Minutes), « ... le 22 août dernier en Ligue 1, la rencontre avait été arrêtée après le jet d'une bouteille sur le capitaine olympien Dimitri Payet » (Nice-Matin)
Comment voulez qu’après cela, les joueurs de football ne se prennent pas pour des dieux du stade ?

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