J’aime bien les chiffres, il n’y a rien de mal à ça. Quitte à me tirer une balle dans le pied, je les trouve souvent plus parlants que les mots. M’appuyant sur ce constat, je suis allé faire un tour sur la Toile pour estimer les dégâts causés par une expression à l’allure pourtant bien inoffensive, je veux parler de « en termes de ». Mais c'est bien connu, les apparences peuvent être trompeuses. Sur cinquante sites d’information consultés, 22 % avaient mal orthographié ladite expression… 100 % l’avaient utilisée de façon impropre.
Pour les puristes, massés en bloc derrière l’Académie française, le sens de la locution « en termes de », sous-entendu « dans les termes de », ce qui justifie la présence du « s » final, doit se limiter à « dans le langage de », « dans le vocabulaire de », « dans la terminologie de » ou encore « dans le jargon de ». Toute autre définition est considérée comme une infraction aux bonnes mœurs langagières. En d’autres termes, « en termes de » n’est pas synonyme de « en matière de », « en ce qui concerne », « pour ce qui est de », « dans le domaine » « du point de vue de », etc., acceptions à qui les ouvrages de référence, unanimes, reprochent surtout une troublante ressemblance avec l’expression anglaise in terms of .
Les tours « en termes de Covid », « en termes de contagion », « en termes de gestes barrières » pour reprendre un thème tristement à la mode, sont donc à proscrire. Mais comme trop souvent, l’usage a fait voler en éclats les recommandations des linguistes, rendant irréversible le glissement de sens observé, comme le souligne le très pertinent Office québécois de la langue française, visiblement soucieux de rester en bons termes avec la chèvre et le chou : « On emploie aussi la locution en termes de dans le sens d’"en ce qui a trait à". Ce sens n'est pas attesté dans la plupart des dictionnaires de langue générale. […] Cependant, puisque ce sens semble être apparu pratiquement en même temps en anglais et en français, qu'il est souvent utilisé par de bons auteurs et qu’il est assez courant dans la presse, […], on ne saurait donc le déconseiller, du moins dans la langue courante. Dans la langue soignée, on pourra lui préférer d’autres expressions, selon le contexte : en ce qui a trait à, en ce qui concerne, en matière de, pour ce qui est de, sur le plan de, au chapitre de, dans le domaine de, du point de vue de, en fait de, en fonction de, quant à, relativement à. »
Un conseil empreint de sagesse qui met un terme à mon billet du jour.
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