Lu il y a quelques jours : « Son déplacement a été aussi l'occasion de signer le Pacte, Plan d'investissement dans les compétences en présence de Carine Seiler, haut-commissaire aux compétences, qui a co-signé le Pacte avec la présidente de Région Huguette Bello pour les années 2022 et 2023. Nous publions le communiqué de la Région Réunion ci-dessous. » (Imaz Press Réunion)
Encore un média qui voit des traits d’union partout ! Et encore un correcteur (co…-rrecteur si ça vous chante) orthographique à la vue basse à qui ils ont échappé ! Que mes confrères d’Imaz Press Réunion se consolent, ils ne sont pas les seuls à vivre comme un traumatisme la cohabitation du préfixe « co » (du latin cum, avec) et du mot qu’il précède. « Cet « accord cadre » a été officiellement co-signé le 10 mars dernier en Martinique au siège du SMEM », écrivait récemment un quotidien que j’aime bien quand son concurrent publiait le même jour : «...au lendemain de la réception d'un courrier co-signé par les ministres des Outre-mer et de l’Agriculture ».
Le constat n’est pas propre à notre presse péi. Pourtant, la règle ne présente aucune ambiguïté. Nul besoin de trait d’union pour symboliser le statut marital des vocables bâtis à partir du préfixe « co », nous disent en chœur Girodet, Hanse, Grevisse and co, sauf, ajoutent-ils, si le mot qui le suit commence par un « i ». Logique. Pour contourner l’obstacle, la langue française a opté pour l’emploi du tréma, comme dans « coïncider » et « coïnculpé ». Voilà qui a au moins le mérite d’éviter à nos canards préférés quelques « coin-coin » du pire effet.
Mais, alors qu'en feuilletant Le Petit Robert, je n’ai trouvé aucun mot débutant par « co » assorti d’un trait d’union, l’usage, lui, en use et en abuse. Or, je ne m’explique pas pourquoi ce qui semble naturel au scripteur dans « coéquipier », « colocataire » ou « comorbidité » suscite chez lui une telle hésitation lorsqu’il est confronté à « cosigner », « cofinancer », « coaccusé », « copropriétaire », « coauteur », « coréalisateur », « coemployeur », « coexister », « coprésident » ou que sais-je encore, « coépouse », on peut toujours rêver…
Pour terminer, j’ajouterai que dans un évident souci d’euphonie, l’absence de trait d’union est vivement déconseillée en cas d’union dissonante. Voilà pourquoi « co-coordinateur » s’est imposé dans l’usage à l’inélégant « cocoordinateur » et que « coentraîneur » a laissé « cocoach » au vestiaire. « Cococasse », non ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire