Lu il y a quelques jours : « Ce succès de la Juve, leader de la Série A, confirme à la fois les progrès du football féminin italien et du club turinois en particulier, mais aussi les difficultés à l’extérieur de l’OL, en tête du championnat de France. »
On ne va pas se mentir. Le monde du sport est un milieu « macho ». Si, si, je le confesse, profondément « macho ». Vous en doutiez ? Et encore aujourd’hui, quand les sportifs, je parle des seuls, des vrais, des durs, des costauds, des tatoués (quoiqu’il en existât aussi chez les femmes), observent les ébats athlétiques de ces demoiselles qui courent moins vite, sautent moins haut, shootent moins fort qu’eux, c’est bien souvent avec un sourire en coin et un regard condescendant.
Aussi, quand je lis ou j'entends que le « football féminin » a gagné du terrain sur le champ de jeu médiatique, qu’il fait de plus en plus d’adeptes auprès des jeunes et que ses audiences télévisées sont en hausse, je m’en réjouis tout en me disant que finalement, rien n’a changé. Qu’y a-t-il en effet de plus sexiste que de parler de « football féminin » ? La remarque vaut d’ailleurs pour la plupart des autres disciplines sportives non mixtes. Pas plus tard qu’hier, ne lisais-je pas dans une dépêche de l’Agence France-Presse relayée par les journaux locaux qu’ « après la retraite de Barty, le tennis féminin » était « en quête d’une n° 1 ».
Le terme de « football féminin » a toujours hérissé mon poil viril. Y aurait-il deux footballs ? À l’aube de la Coupe du monde 2019, certains observateurs s’en étaient émus. Nesrine Slaoui, journaliste à RMC, avait rappelé à juste titre que le football dit « féminin » n’existe pas. « C’est les mêmes règles, les mêmes postes et le même terrain que les garçons. C’est la Coupe du monde qui est féminine », s’était-elle agacée, reprise en écho par l’ancienne joueuse Mélissa Plaza, aujourd’hui psychologue. « C’est exactement les mêmes règles, la même taille de ballon, la même taille de terrain, la même taille de buts, le même nombre de minutes jouées par match et surtout, la même passion ». Oui, mais pas les mêmes grands stades, les mêmes salaires (le salaire mensuel des joueurs du PSG avoisine le million d’euros, contre 1 300 pour les joueuses de Soyaux, club de l’élite nationale féminine), la même couverture médiatique et surtout les mêmes enjeux financiers.
Histoire de se donner bonne conscience, certains journaux, à commencer par le quotidien sportif L’Équipe, avaient saisi la balle offerte par la Coupe du monde 2019 pour mettre en place un guide de bonne conduite linguistique en introduisant - non sans quelques cafouillages - dans leurs mœurs langagières des termes tels que « défenseure » ou « défenseuse », « selon les goûts, « sélectionneure » ou « sélectionneuse », « buteuse », « meneuse de jeu » ou encore « entraîneure », préféré à « entraîneuse » pour des raisons qu’il n’est nul besoin d’énoncer. Trois ans ont passé, la France n’a pas gagné son Mondial et l’on continue de parler de football féminin, « exemple de plus que le point de vue porté sur le monde est celui d’une classe sociale, celle qui détient le pouvoir dans la société : les hommes », analysait déjà à l’époque Alpheratz My, enseignante-chercheuse à la Sorbonne, ajoutant : « Cette hiérarchie se retrouve dans la langue française, faisant alors du genre masculin, un genre universel et générique. »
Nom d’un petit bonhomme, il y a décidément quelque chose qui ne tourne pas rond sur notre planète !
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