Lu hier : « En colère contre le choix du "tout viaduc", ils comptent maintenir leur mobilisation devant la Région le temps que Huguette Bello rentre de Métropole. » (Imaz Press Réunion)
D’abord, il y a la règle. Et elle dit ceci : « que » s’élide systématiquement devant une voyelle ou un h muet. S’il faut reconnaître que dans l’ensemble, elle est plutôt bien respectée, une certaine confusion se lit - ou s’entend - quand le mot suivant « que » (ou « qu’ ») n’est plus un nom commun mais un nom propre - le plus souvent un prénom - commençant par la lettre h. Doit-on écrire « que Huguette Bello » ou « qu’Huguette Bello », « que Hervé Bazin » ou « qu’Hervé Bazin » ?
Pour faire simple, un nom commençant par un h muet se comporte comme s’il commençait par une voyelle. Le l’ est alors le seul article défini singulier susceptible de le précéder : l’héritage, l’herbe, l’heure, l’humeur, l’homme… Au pluriel, on marquera la liaison : « les (z)heures », « les (z)hommes, les (z)humeurs…
À l’inverse, un nom débutant par un h aspiré se comporte comme s’il commençait par une consonne. Au singulier, il n'accepte donc comme articles définis que le ou la : le hibou, la horde, la honte, le haricot… On prononcera, sans liaison cette fois : « les haricots, les hiboux, les hordes…
Qu’en est-il des prénoms ? Bien que les ouvrages de référence se montrent elliptiques voire muets sur la question, une certaine tolérance semble de mise, le statut du h initial dans les prénoms n’étant « pas fixé », argumente le site laculturegenerale.com, qui qualifie d’ « acceptables » les deux tournures. « Il faut savoir qu’il n’existe pas de règle systématique et que l’usage varie considérablement », renchérit l’Office québécois de la langue française, citant comme exemples : les livres d’Huguette, d’Hubert, d’Henri (plus courant que : de Huguette, de Hubert, de Henri), le fils d’Henri IV, une composition d’Hector Berlioz.
Le Robert en ligne y ajoute une touche aussi insolite que personnelle : « Devant un nom propre non abrégé, on fait normalement l'élision », mais « l'absence d'élision est toutefois tolérée devant les noms de moins de deux syllabes, ainsi que devant les noms étrangers.» Tiens, tiens, voilà qui est curieux ! Et il propose au choix : les œuvres d'Hugo ou les œuvres de Hugo.
Qu'en pense Grevisse ? Que « les noms de personnes tout à fait intégrés au système français comme Henri, Hubert, Hugues, Hugo admettent les deux traitements ». Que l' « on fait la liaison dans saint Hubert » et que pour Henriette, « l’h est presque toujours muet aujourd’hui ». On pourrait lui demander à bon droit ce qu'il entend par « intégrés au système français ».
Hanse et Blampain, quant à eux, affirment, sans se perdre en futiles explications, que « l'h est muet dans Hamlet, Harpagon, Hector, Héloïse, Hernani, Homère, Horace, Hortense, Hugues et… et… et… Huguette. Il est généralement muet dans Henri et toujours dans Henriette. Hésitation pour Hugo ». Et l'« on n’hésite plus guère pour Hubert où h est généralement muet ». Plus guère, généralement, tout cela ne respire pas la conviction ni la clarté... Nos linguistes auraient-ils mal supporté le hasch ?
Devant pareille cacophonie, je reste sans voix et laisse le mot de la fin au Canadien Robert Dubuc : « Souvent l’élision est facultative. Il revient à celui qui écrit de choisir l’option qui sert le mieux son propos. »
Courage, fuyons !
Je ne me suis pas lancé dans des recherches approfondies, mais notre ami Robert semble catégorique quant à l'élision devant les noms propres (prénoms inclus), cf https://dictionnaire.lerobert.com/guide/elision. Je cite :
RépondreSupprimerDevant un nom propre non abrégé, on fait normalement l'élision :
le vélo d'Amandine
les victoires d'Hinault
la plage d'Houlgate
L'absence d'élision est toutefois tolérée devant les noms de moins de deux syllabes, ainsi que devant les noms étrangers :
les œuvres d'Hugo ou les œuvres de Hugo
le cheval d'Anne ou le cheval de Anne
les romans d'Hemingway ou les romans de Hemingway
(fin de citation)
Dans le cas d'Huguette :) ce prénom ne faisant pas moins de deux syllabes, l'absence d'élision ne serait pas tolérée par Robert.
Dans le cas particulier de Hugh Grant, celui-ci coche toutes les cases pour une absence d'élision : "h" aspiré, nom étranger et faisant moins de deux syllabes.