« Plus de ». La formule fait florès dans les médias. Elle est courte, choc, percutante, ne semble pas laisser de place au doute. Et pourtant… S’il est une locution qui peut dire tout et son contraire, c’est bien elle. Tantôt synonyme d’« encore plus », tantôt assimilée à « plus du tout », elle brille par son ambiguïté. Si à l’oral, il est de coutume de marquer le « s » final de « plus » au sens de « davantage », pareille distinction n’est pas perceptible à l’écrit.
Il faut donc souvent s’en remettre au contexte. A moins qu’elle ne sorte de la bouche de quelque belliqueux dirigeant d'Europe de l'Est, l’expression « plus de guerres » sonne à l'évidence comme un appel à la paix. En revanche, ne rêvons pas, il y a fort à parier que « plus d’impôts » ne signifie pas que nous n’en paierons plus ; que « plus de sanctions contre les infractions au volant » n’est pas un encouragement au « tout-est-permis » (de conduire) ; et que « plus de fautes d’orthographe dans les journaux » n’est pas une bonne nouvelle mais bien, un triste constat.
Mais comment faut-il comprendre « plus de restrictions sanitaires » ? Est-ce qu'il n'y en aura plus ou, au contraire, qu'il y en aura "plussss" ? Qu’entendons-nous par « plus de temps à consacrer à sa famille » ? Par « plus de prostituées au bois de Vincennes » ? Ou par « plus de confiance envers la classe politique » ?
Pour éviter toute équivoque, je ne peux que vous encourager à substituer « davantage » à « plus de » quand la bonne compréhension de la phrase l'exige. À partir de là, plus de risques de semer le trouble dans l’esprit de votre lecteur.
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