Lu hier : « Les dépouilles d'Arlando Julie, 25 ans, et Thierry Ramen, 42 ans, ont été retrouvées jeudi matin par les gardes-côtes mauriciens. » (lequotidien.re)
Petite mise en garde pour commencer. Ne jetez pas par-dessus bord mon ami journaliste sous prétexte qu’il se serait aventuré hors des eaux territoriales françaises de l’orthographe. Il n’a commis aucune faute. Je profite simplement de l’occasion pour jeter l’ancre devant un terme qui sème souvent le doute dans l’esprit des usagers de la langue de Molière. Je veux parler du nom « garde-côtes ».
Pour rappel, quand « garde-côtes » désigne un navire militaire, « garde » est un verbe et ne s’accorde pas au pluriel. Lorsque « garde-côtes » désigne une personne chargée de la surveillance des côtes, « garde » est un nom et devrait en toute logique prendre la marque du pluriel.
Ça, c’était avant les Rectifications orthographiques de 1990. Avant que le Conseil supérieur de la langue française ne recommande, sous couvert de simplification, de n’accorder au pluriel que le second élément des mots composés. Sans doute pas sûrs de leur fait, les réformistes ont toutefois pris soin de ne pas couler par le fond la règle initiale, laissant le choix à l’usager. Voilà pourquoi le nom « garde-côtes » (l’homme, pas le bateau) dispose aujourd’hui deux pluriels : « gardes-côtes » et « garde-côtes », côte à côte dans tous les dictionnaires usuels.
Dieu merci, les recommandations de 1990 sont restées — et resteront à jamais — à l’état de recommandations. Et l’on ne peut que s’en réjouir, rares sont les médias à les avoir suivies. C’est ce qui s’appelle savoir raison garder.
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