Lu il y a deux jours : « Il explique encore procéder à des ajustements réguliers pour gaspiller le moins de denrées possibles. » (Outre-mer la 1ère)
Question du matin : dans l’extrait d’article ci-dessus, doit-on écrire « gaspiller le moins de denrées possibles », choix de notre journaliste, ou « gaspiller le moins de denrées possible » ?
Si j’en crois la propension du correcteur orthographique utilisé dans un journal que j’aime bien à se braquer dès qu’un « s » vient se perdre à la fin de « possible » quand ce dernier est précédé d’un superlatif et d’un nom (exemple : « le plus de vaccinés possible ») , il n’existe pas trente-six… possibilités. C’est l’invariabilité qui s’impose. « Normalement », tempère le grammairien Jean Girodet, jetant soudain un doute que de nombreux linguistes se plaisent à alimenter, constatant que dans l’usage, « possible » est le plus fréquemment invariable. Le plus délicat dans l'histoire est de deviner quand il l’est et quand il ne l’est pas.
L’Académie confirme que la chose n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Les sages du quai de Conti indiquent que « dans une expression comportant un superlatif relatif, ‘’possible’’ s’accorde avec le nom s’il qualifie celui-ci, mais il s’emploie adverbialement s’il renforce le superlatif et reste alors invariable. » Et les Immortels de livrer en guise d’exemples, sans autre forme de justification : « C’est la meilleure des solutions possibles, de toutes les solutions possibles. Le moins d’erreurs, de fautes possible. »
Ainsi énoncé, le principe semble toutefois frappé au coin du bon sens. Son application n’en demeure pas moins épineuse, comme à chaque fois que l’interprétation du locuteur est mise à contribution. Témoin, la fameuse phrase de Voltaire « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possible(s) ». S’agit-il du « meilleur possible des mondes » (invariabilité) ou du « meilleur des mondes qui sont possibles » (variabilité) ?
Pour surmonter l’obstacle sans trop de casse, une petite astuce : intercalez « possible » entre « le plus » (ou « le moins » ou « le meilleur ») et le nom, puis regardez ce que cela donne. Si la phrase conserve un sens, c’est que « possible » se rattache au superlatif : il ne varie pas.
Dans le cas de la phrase citée en introduction, il n’y aurait ainsi rien d’outrageant à écrire : « (…) des ajustements réguliers pour gaspiller le moins possible de denrées. » On en déduit que dans la formulation d’origine, « possible » ne doit donc pas s’accorder avec « denrées ». C’est à mon humble avis, la meilleure des options possible. Ou des options possibles, je ne sais plus… Lâchement, je vous laisse trancher.
Faites pour le mieux !
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