Lu il y a deux jours : « Alors que la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) a validé samedi à Aubervilliers son accord (LFI, EELV, PCF, PS) son programme commun et ses candidatures uniques pour les législatives dans les circonscriptions de l’Hexagone, à La Réunion, les tractations s’allongent. » (lequotidien.re)
Je sais. D’aucuns m’objecteront que ce n’est pas la taille de la lettre qui compte, mais la manière dont on s’en sert. Certes, et j’en suis le premier convaincu. Comme je l’ai déjà écrit sur ce blog, la majuscule n'a jamais fait grandir. Mais d’un pays à l’autre, les avis divergent sur son mode d’emploi. Marque de tout substantif, elle envahit la langue allemande. Les Anglais en sont moins friands. Ils écriront toutefois « Premier Ministre » quand de l'autre côté de la Manche on se limitera à « Premier ministre ». Ils en useront deux fois dans « Conservative Party » quand leurs voisins gaulois traduiront « Parti conservateur ».
D’une façon générale, le français, j’évoque ici la langue, se montre plutôt avare en majuscules, malgré la fâcheuse manie des services administratifs de tout poil d’en inonder leurs écrits. Sa présence ou non a beau — le plus souvent — ne rien changer au sens de la phrase, elle est soumise à des règles typographiques qui, il faut le reconnaître, ne brillent pas toujours par leur cohérence. Celle qui régit son emploi dans les dénominations des partis politiques ne déroge pas à ce manque de clarté. « On mettra une capitale au nom qui est le libellé exact de la dénomination du parti ou du groupe », conseille de façon évasive le Lexique des règles typographiques en usage à l’imprimerie nationale. Le nom, mais lequel ? Jean-Pierre Colignon apporte une réponse à cette question : « On met une majuscule au premier substantif lorsqu’il s’agit du libellé complet et exact, voire au premier mot en l’absence de parti, rassemblement, fédération, union, mouvement… Aussi aux adjectifs précédant le premier nom. » Et le grand maître de l'orthotypographie française de citer comme exemples de vieux partis tombés dans l’oubli ou en mal d’affection : le Parti socialiste unifié, le Parti communiste français, le Rassemblement pour la République ou encore le Front national. L’Office québécois de la langue française confirme : « Le premier nom de la dénomination d’un parti ou d’un mouvement politique prend une majuscule initiale. Si le premier nom est précédé d’un adjectif, cet adjectif prend lui aussi la majuscule. »
Tout est dit. Partant de ce principe, mon collègue eût été plus inspiré d’écrire : « la Nouvelle Union populaire écologique et sociale. Majuscule au nom générique (Union) et à l’adjectif antéposé (Nouvelle).
Sans doute prise de court par cette volonté soudaine de s'unifier à gauche, la presse se montre encore hésitante sur la graphie à adopter. Le Figaro, Ouest-France, Libération, Le Progrès, 20 Minutes, les Échos ou le Télégramme ont opté pour « Nouvelle union » alors que Le Point, Le Parisien, La Dépêche, Midi Libre et le plus fiable d’entre tous, Le Monde, militent à juste titre pour « Nouvelle Union ».
Il n’y a plus qu’à espérer que les rédactions de nos journaux préférés manifestent davantage de promptitude à accorder leurs stylos que les dirigeants locaux de la nouvelle union à harmoniser leurs stratégies en vue des prochaines législatives.
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