lundi 16 mai 2022

Rien ne sert d'encourir

Lu il y a quelques jours : « Il est sorti en novembre 2021 et compte tenu du risque qu’il encourt pour le maigre butin qu’il y a, je pense qu’il est possible qu’il ne se souvienne pas. » (Zinfos974)

Suspens/suspense, 
inclinaison/inclination, dédier/dédicacer, agonir/agoniser… Le risque avec les paronymes, c’est qu’à trop se ressembler, ils finissent par se confondre. Deux des plus beaux fleurons en la matière sont les verbes « courir » et « encourir » dont, il est vrai, certaines acceptions se recoupent : « s’exposer à, aller au-devant de ». De quoi ajouter à la confusion ambiante, largement propagée par de grands auteurs mais aussi et surtout par les médias.  
Emprunté du latin incurrere, le verbe encourir fut longtemps limité au domaine du droit au sens de « s’exposer à une peine, une sanction émanant d’une autorité » avant d’étendre son territoire à toute forme de conséquences fâcheuses et concrètes. Contrairement à « encourir », « courir » ne peut être suivi que par des compléments qui ressortissent à la virtualité. On encourt une punition, un reproche, du mépris, etc. On ne peut courir qu’un risque ou qu’un danger. 
Une autre raison justifie le maintien de la distinction entre les deux verbes. Le Grand Larousse illustré définit en effet « encourir » par « risquer », conforté par le Trésor de la langue française qui propose comme synonyme dudit verbe la locution « courir le risque ». Partant, « encourir un risque » reviendrait à dire « risquer un risque », un bien vilain pléonasme, vous en conviendrez.
Moralité : malgré le poids de l'usage, rien ne sert donc d’encourir à tout-va. Il faut savoir courir à point. 

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