vendredi 10 juin 2022

Autrement dit, le plus est parfois l'ennemi du bien

Lu hier : Le dossier Lukaku est autrement plus épineux, s'agissant d'un joueur pour lequel Chelsea a déboursé 115 millions d'euros l'été dernier pour l'arracher à l’Inter. (Le Quotidien/AFP)

Allez, cherchez bien, vous la voyez ? Non ? Regardez de plus près. Toujours rien ? Je vous aide, ça se passe quelque part entre la forme verbale « est » et l’adjectif « épineux ». Toujours pas ?
Pas de panique, ne changez surtout pas de lunettes ou si vous n’en portez pas (encore), ne courez pas chez l’ophtalmo le plus proche (de toute façon, sa liste d’attente est longue comme le bras), votre cornée va bien. 

La faute qui vous a sans doute échappé est à ce point ancrée dans l’usage que, de nos jours, elle a su se rendre invisible aux yeux du commun des usagers. Larousse lui a même ouvert ses portes, mais faut-il s’en réjouir, ce ne serait pas la première fois qu’il héberge des invités peu recommandables.  

Le couple « autrement plus », puisque c’est de lui qu’il s’agit, est en effet tout ce qu’il y a de plus illégitime. L’adverbe « autrement », qui a d’abord signifié « sinon », puis « d’une autre façon », revêt aujourd’hui le sens de « plus », « bien plus », « beaucoup plus », « à un degré supérieur »… Dès lors, lui accoler le comparatif « plus » est non seulement inutile, mais relève du pléonasme. Ni plus ni moins !

Pour reprendre l’extrait d’article cité en introduction de ce billet, il suffisait donc d’écrire, au choix, « le dossier Lukaku est autrement épineux » ou « le dossier Lukaku est plus épineux ». 
Preuve de plus… qu’en faire plus, c’est parfois en faire trop. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Le jour et la nuit

Vacant à d'autres occupations, je n'ai pas eu le temps de réagir à chaud à un événement qui a beaucoup fait jaser, comme disent nos ...