lundi 6 juin 2022

La confiture de grand-maman

Lu il y a deux jours : « Pour réaliser de la confiture de goyavier, il faut au préalable presser les goyaviers pour retirer les pépins. » (Imaz Press Réunion)

L’accord du complément du nom après « confiture », « compote », « marmelade », « gelée », 
« jus », « coulis », « sirop », j’en passe et des plus alléchants, ne répond à aucune règle mais à une mélasse de pseudo-critères plus ou moins fantaisistes. Le constat est qu’une fois encore, les linguistes ne s’entendent pas sur la recette à employer. Et même le bon sens derrière lequel la règle a pour habitude de se réfugier quand elle ne voit plus clair ne nous est pas toujours d’un grand secours.

Pour ne rien arranger, force est de constater que les spécialistes de la langue n’en ont pas fait des tartines sur le sujet, se contentant souvent d’observer l’usage. « Ces critères s’appuient sur l’idée de pluralité nécessairement attachée à la marque du pluriel, sur le sens des deux noms qui sont liés et sur le type de réalité auquel renvoient ces noms, tente toutefois d’analyser l’Office québécois de la langue française. En fait, c’est une combinaison de ces critères qui fera que l’on emploiera au singulier ou au pluriel le nom complément. (…) Ainsi, le complément qui détermine les mots confiture, marmelade, compote, coulis, purée et pâte se met généralement au pluriel. » 
Généralement, mais quand ? L’OQLF essaie de nous aiguiller : « On peut penser que le pluriel se justifie dans les premiers exemples par le fait que les fruits dont il est question (pommes, fraises, oranges, tomates, framboises) sont des réalités nombrables, que l’on peut compter, alors que ce n’est pas le cas pour rhubarbe, d’où le singulier. » 
Dommage que nos cousins québécois ne nous disent pas s’il faut différencier les confitures bas de gamme aux fruits écrasés de celles plus réputées renfermant des morceaux entiers de leurs victimes… 

Le Projet Voltaire, lui, s’en remet à la logique de chacun d’entre nous : «  Il s’agit d’un accord appelé d’intention ou selon le sens (ou encore par syllepse), nous explique-t-il. Le pluriel et le singulier peuvent être adoptés selon le produit et l’accent que l’on veut mettre sur le fruit générique ou le nombre de fruits utilisés. » En clair, si vous pensez que « confiture de fraises » équivaut à « confiture à la fraise », optez pour le singulier; si au contraire vous penchez pour « confiture faite avec des fraises », préférez le pluriel.  
Littré le dit à sa façon, préconisant « l’emploi du pluriel quand les fruits sont encore identifiables dans le produit et le singulier quand le produit fini a une consistance homogène ». 

Pour terminer, retenez cependant que l’usage tend à privilégier l’accord au pluriel (sauf pour rhubarbe) après « confiture », « compote », « marmelade » ou « gâteau », mais préfère nettement le singulier après « gelée », « sirop », « jus » ou « liqueur ». Des goûts et des saveurs…
Un conseil avant de vous laisser, évitez d’écrire trop sucré, ça soulage les méninges !

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