lundi 25 juillet 2022

Immoler : le feu n'en vaut pas la chandelle

Lu ce matin : « Un trentenaire a tenté de tuer ses parents en les immolant. Transférées à l’hôpital, les victimes sont dans un état grave. » (Zinfos974)

Le verbe « immoler » et sa forme pronominale « s’immoler » impliquent une notion de sacrifice ou de rituel, comme le rappelle l’Académie française dans la 9e édition de son dictionnaire, une définition que Larousse tempère d’un « généralement » qui laisse la porte ouverte à tous les glissements de sens. De ce fait, un homme désespéré ne s'immole pas par le feu sur le boulodrome de Maboule-les-Pains, il s'y tue ou s'y suicide... parce qu'il a perdu la boule. Le tragique fait divers relaté par le site Zinfos974 ne semble pas davantage relever d'un quelconque sacrifice. En revanche, rien n'empêche de dire (et/ou d’écrire) qu’un militant ouïgour s’est s’immolé au nom de la défense de son peuple, victime de la répression chinoise.
D'un point de vue pratique, s’il est de loin le plus spectaculaire, le feu n’est pas le seul moyen « sémantiquement » autorisé en cas d’immolation. D’ailleurs, je vous déconseille d'en user, vous pourriez vous brûler. Le gaz, un révolver, une corde, du poison, un couteau ou le dernier livre de Guillaume Musso feront très bien l’affaire. L’expression « s’immoler par le feu » n’est donc pas un pléonasme. Jetez bien vite au bûcher cette stupide idée reçue !

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