Lu il y a deux jours : « ‘’Il n’y aura pas d’état de grâce pour le nouveau directeur du CHU’’, annonce Gaby Clavier, secrétaire de section UTS-UGTG-CHU, qui rappelle que l’administration a fauté, en suspendant illégalement les personnels non vaccinés. » (Outre-mer la 1ère)
Si j'en crois des gens dignes de foi, « fauter » serait totalement sorti d’usage. C'est en tout cas ce que nous disent à demi-mot Larousse, Robert et leur copain Littré. Sans lui avoir pour autant claqué la porte au nez, les dictionnaires usuels sont unanimes pour qualifier le mot de « vieilli » au seul sens qui lui est reconnu dans notre pays : le fait coupable pour une jeune fille d’avoir croqué la pomme d’amour avant de s’être laissé passer la bague au doigt. Vous remarquerez qu’en ces temps bénis, seule la femme portait le poids du péché de chair.
Alors, définitivement hors-jeu le verbe « fauter » ? Erreur ! Si vous voulez tout savoir, je le trouve même très présent dans le langage courant. Un cheval de course qui ne respecte pas la bonne allure ? À fauté. Un sportif qui transgresse les lois du jeu ? À fauté. Un homme ou une femme qui oublie les lois sacrées du mariage ? À fauté.
Sans aller jusqu’à cautionner ces actes que la morale réprouve et qui me sont bien sûr totalement étrangers (je n’ai d'ailleurs jamais pratiqué l’équitation), je dirai qu’ils nous renvoient curieusement à une époque où le verbe « fauter » signifiait simplement « commettre une faute », quelle qu’en soit la nature. L’historien des mots Alain Rey nous explique que ce sens est apparu en 1568, qu’il a disparu avant de refaire surface au XIXe siècle et de disparaître à nouveau. La faute à qui ? À Voltaire ? À Hugo ? Ça, il ne le dit pas.
Quoi qu'il en soit, il semble que de nos jours le phénomène se soit une fois encore inversé. Il suffit de parcourir la presse écrite pour s'en convaincre. L'heure n'est-elle pas venue de rendre à « fauter » un sens perdu qui ne lui a sans doute jamais autant collé à la peau ?
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