Lu il y a trois jours : « Et il n'y a pas de plafond maximum quant au jour-amende. » (linfo.re)
Les termes d’origine latine « maximum » et « minimum » ne font jamais dans la demi-mesure dès qu’il s’agit de donner du grain à moudre aux chroniqueurs de la langue.
D’abord, quid de leur pluriel ? « Maxima », « minima » ? « Maximas », « minimas » ? « Maximums, « minimums » ?
Ou encore que dire de ces expressions qui fleurent bon le pléonasme : « au grand maximum », « un maximum à ne pas dépasser », « le plafond maximum »… ?
Et comment interpréter ces phrases aux contours ambigus : « Les risques sont réduits au maximum », « les joueurs doivent limiter au minimum les dribbles superflus » ?
Autant de sujets sur lesquels j’aurai l’occasion de revenir quand l’actualité m’en donnera l’occasion.
Aujourd’hui, je vais me contenter du strict minimum : la confusion qui existe entre les adjectifs « maximum » et « maximal », et ce n’est déjà pas une mini-affaire, sachant que l’analyse du jour vaut bien sûr pour « minimum », « minimal », « optimum » et « optimal ».
C’est bien connu, quand un mur présente des fissures, il n’y a qu’à le démolir et il n’y aura plus de fissures. Bien des fois, je me suis dit que le linguiste devait être un adepte convaincu de cette stratégie qui relève tout autant du pur bon sens que de l’absurdité la plus totale (ne serait-ce pas un pléonasme, ça aussi ?). Et dans le cas présent, je ne peux lui donner tort. À quoi bon s’embarrasser de deux adjectifs qui veulent dire la même chose, surtout si l’un d’entre eux pose problème et peut très bien se borner à sa fonction initiale de substantif ?
Cette question, l’Académie des sciences y a répondu sans ambiguïté en février 1959 en « recommandant d’employer les adjectifs maximal, minimal, optimal, extrémal dont ni le féminin (en -ale) ni le pluriel (en-aux) ne soulèvent de difficultés », contrairement à leurs cousins en -um, beaucoup plus délicats à manipuler. En effet, doit-on dire « une peine maximum », « une peine maxima », « des peines maximums », « des peines maxima » ? Avouez que ce type de questionnement vous a souvent trotté dans la tête.
Aux esprits chagrins qui m’objecteront que depuis 1959, il s’est écoulé un « max » de temps et qu’en plus de soixante ans, les us et coutumes langagiers ont évolué, je répondrai qu’encore aujourd’hui, des plus rigides aux plus bienveillants, pour user d'un terme à la mode, les spécialistes de la langue — pour une fois qu’elle n’est pas de bois — font bloc derrière ladite recommandation. Morceaux choisis :
- « Éviter maximum en emploi adjectif » (Larousse, Péchoin/Dauphin)
- « Il est recommandé d’employer maximal » (Capelovici)
- « Maximum et minimum ne seront pas employés comme adjectifs » (Thomas)
- « On emploiera l’adjectif maximal » (Girodet)
- « Dans la langue soignée, il est préférable de remplacer l’adjectif (maximum) par maximal » (Troullez/Moinard, édition Robert)
- « Il semble raisonnable de conseiller la forme maximal pour l’adjectif » (Colin)
- « Il faudrait généraliser l’adjectif maximal » (Hanse)
- « D’une manière générale, on préférera l’adjectif maximal » (Académie)
À cette liste déjà longue, je pourrais en ajouter tant et plus, à tel point qu’en ce lundi matin ensoleillé, je ne saurais exprimer combien pareille concorde idéologique me propulse au... summum de l’extase.
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