Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Le dernier bilan routier est effrayant. Sur 52 médias numériques contrôlés lors du mois écoulé, 25 ont été épinglés pour non-port du trait d’union au nom composé « quatre-voies » et 15 pour avoir proposé la version hybride « 4 voies ». Douze seulement étaient en règle avec la seule forme respectueuse à mes yeux des lois typographiques françaises, en l’occurrence « quatre-voies ». À ma connaissance, aucun permis d’écrire n’a été retiré.
L’alcool au clavier serait-elle l’une des causes des délits constatés ? Je n’en crois rien, bien que dans une région telle que la Bretagne où le vent se montre souvent capricieux et le chouchen coule à flots, les quotidiens régionaux Ouest-France et Le Télégramme titubent de façon inquiétante entre les graphies « quatre voies » et « quatre-voies ».
Autre constat à déplorer : c’est dans notre belle île, au trafic routier aussi intense que la beauté de ses montagnes, que la forme abusive « 4 voies » connaît la plus forte propagation, portée par le « multirécidiviste » site d’information linfo.re.
Les dictionnaires usuels et autres codes de bonne conduite langagière ne montrant guère la direction à suivre, il faut bien avouer que la route est ouverte à toutes les infractions. Preuve de plus que l’usage roule beaucoup trop vite pour nos vénérables linguistes, à commencer par ces chers Académiciens, toujours plongés dans l’élaboration de la 9e édition de leur dictionnaire. Pour rappel, la précédente a été mise en circulation en 1935, à la belle époque des Panhard & Levassor…
Pourtant, les règles typographiques sont claires : les mots composés formés à partir de l’adjectif numéral « quatre » prennent un trait d’union. Entre le quatre-quarts que nous cuisinaient nos grands-mères pour notre quatre-heures ou ces quatre-mâts qui nous ont tous fait rêver, les exemples ne manquent pas. Alors, pourquoi nos « quatre-voies » seraient-elles traitées autrement que les polluants quatre-quatre qui les fréquentent chaque jour ? Je n'y vois aucune raison valable.
En attendant, un conseil : ne faites pas comme l’ami Jean Yanne. Empruntez donc les routes départementales ! Elles sont si tranquilles et tellement moins accidentogènes pour les usagers de la langue que nous sommes.
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