dimanche 11 septembre 2022

« Cartésianite aiguë »

Le 12 août dernier, je m’étais permis de solliciter le linguiste Bruno Dewaele à propos du thème grammatical suivant  : l'accord du verbe après deux sujets coordonnés par la conjonction "ni". Je lui avouais notamment ne m’être jamais satisfait de l’argument selon lequel le verbe doit se mettre au singulier dans une phrase du type « Ni Pierre ni Paul n’est le père de cet enfant » sous prétexte qu’un enfant ne peut avoir qu’un seul père. J’ai toujours estimé le pluriel de meilleure facture, sachant que rien ne dit que Pierre ou Paul soit le père de l’enfant. 


Voici sa réponse :  

« Je reviens... en deuxième semaine sur le point que vous évoquiez, pour vous confirmer ce que je laissais entendre dans mon dernier message : je n'ai jamais été à l'aise avec cette règle, que j'applique mécaniquement et pour tout dire plutôt bêtement, mais à laquelle je me garde bien de faire appel quand il s'agit de densifier mes dictées ! Trop de litiges et de contestations à affronter...

« Vous serez sans doute rassuré d'apprendre (si ce n'est déjà fait) que Grevisse ne mange pas davantage de ce pain-là : il fait part de ses réserves au paragraphe 450 a) de son Bon Usage, insinuant que c'est là le credo de « certains grammairiens » et parlant pour sa part au conditionnel de ce « raffinement peu utile ». Rien n'empêche d'écrire, selon lui : « Ni Pierre ni Paul ne seront colonels », quand bien même on aurait affaire à un seul régiment, lequel ne peut avoir à sa tête qu'un colonel.

« C'est assez dire que vous ne devez pas être le seul à souffrir, en l'occurrence, de cartésianite aiguë ! »

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