samedi 1 octobre 2022

Dépouille mortelle

Lu ce matin : « 
Dans la soirée, sa dépouille a été transférée, avec celle de son époux Philip, mort en 2021, dans le mémorial George VI de la chapelle, où elle a été inhumée en présence de sa famille proche, a annoncé la famille royale dans un communiqué. » (Le Quotidien de La Réunion)

C'est la mort dans l'âme que je l'avoue : il y a quelques jours encore, la faute m'aurait échappé. Comme 49 des 50 publications que je suis allé consulter sur la Toile, j'aurais juré que le terme « dépouille » pouvait s'appliquer sans distinction d'emploi à un humain et à un animal. J'ai dû prononcer l'oraison funèbre de mes certitudes à la lecture d'une chronique publiée dans l'excellent blog Parler français (à lire absolument), toujours à l'affût du moindre os de langage à déterrer. 
Si, sur la question, les nombreux ouvrages consacrés aux difficultés de la langue française demeurent muets comme des tombes, les dictionnaires usuels nous expliquent d'une même plume que ce mot issu du vieux français despueilles (butin, ce dont on a dépouillé l'ennemi, tout ce dont on s'empare aux dépens d'autrui) ne s'adresse dans sa forme absolue qu'à nos amies les bêtes. « Peau enlevée à un animal » ou « peau que les serpents et certains insectes perdent lors de leur mue », propose ainsi Robert. 
En revanche, lorsqu'il s'agit des corps de personnes décédées, on ne parlera pas de « dépouilles » mais de « dépouilles mortelles ». Y compris bien sûr pour celles qui, au dire de leur entourage, n'étaient rien d'autre que d'odieuses vieilles peaux.

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