mardi 17 janvier 2023

Nuisances sonores à Landerneau

Lu hier : « Nicolas Oltean, Niko pour les fans, est connu dans le landernau culinaire péi comme le loup blanc. » (clicanoo.re)

« Faire du bruit dans Landerneau. » Enfant, c'était il y a quelques jours, j'étais intrigué par cette expression à laquelle, je ne sais pour quelles raisons, j'attribuais d'imaginaires ascendances teutoniques. Pour l'anecdote, je l'avais d'ailleurs travestie en « faire du bruit dans le Landerneau », ce qui, en y réfléchissant bien, n'était peut-être pas si idiot que cela puisque par antonomase, le nom propre Landerneau a donné le nom commun landerneau pour désigner un « milieu particulier», une « petite société », nous dit Larousse. 
Mais point de Lander Neau, Nau ou no. Nein ! Le jeune Normand naïf que j'étais faisait fausse route. Il ignorait que ladite expression était plus probablement issue de la Bretagne voisine, plus exactement de la commune finistérienne de Landerneau. C'est là qu'à la fin du XVIIIe siècle, l'écrivain rennais Alexandre Duval situa l'action de sa pièce de théâtre Les Héritiers. L'œuvre se tailla un joli succès et bien au-delà des frontières bretonnes. Elle racontait le retour au bercail d'un officier que tous, et en particulier ses héritiers, croyaient mort. Leur déception, on s'en doute, fut à la hauteur de leur surprise, ce qui fit dire à l'un des employés de maison : « Antoine ! Oh, le bon tour ! Je ne dirai rien ; mais cela fera du bruit dans Landerneau. »
Notez que l'on prête à l'expression une autre origine. « D'après le Courrier de Vaugelas, 1er janvier 1877, p. 113, Jacques Cambry, savant breton, avait cherché l'origine de ce proverbe avant la vogue des Héritiers, qui sont de 1796. Un correspondant du Courrier de Vaugelas pense que cette locution vient de l'usage de donner un charivari à la veuve qui se remarie, usage en vigueur à Landerneau et ailleurs », citent plusieurs sources, dont le très sérieux Littré. 
Quelle qu'en soit sa provenance, l'expression a longtemps joui d'une incroyable popularité. Elle est aujourd'hui plus ou moins tombée en désuétude, à l'inverse du terme « landerneau » (ou « landernau selon Larousse), toujours très usité, notamment dans les médias de France et d'ailleurs. « Il faut bien le reconnaître, la nouvelle châtelaine de La Vallière détonne dans le Landerneau tourangeau, compassé et sans beaucoup de fantaisie », écrivait ainsi Le Monde la semaine passée. Le journal suisse Le Temps affirmait hier : « Eric Bauce ne fait pas l’unanimité à l’interne, ni dans le landerneau politique genevois, qui aurait préféré un candidat du sérail. » Enfin, l'hebdomadaire haut-savoyard Le Messager comparait récemment les déboires de Noël Le Graët à « un mini-tsunami dans le Landerneau du foot français, voire international ». Si elle ressemble à un inutile « barouf » d'honneur pour le décrié président de la 3F, l'affaire, en effet, n'a pas fini de faire grand bruit.

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