Lu il y a quelques jours : « Egalement entendu (sic) comme témoins, des proches du numéro 2 de la Ligue brossent de lui un portrait peu flatteur vis à vis de le (sic) gente féminine. » (clicanoo.re)
Une faute d'accord grossière (« entendu »), un article qui fait mauvais genre (« le gente »), un nom (« gente ») qui se prend pour un autre : voilà qui fait beaucoup pour une seule phrase. Suffisamment, en tout cas, pour m'avoir dissuadé d'aller lire les suivantes.
Je ne doute pas un seul instant que la « gent » (sans « e » final) dont il est en réalité question dans l'article ait mérité le qualificatif « gente », encore eût-il fallu ne pas confondre les deux termes. À la décharge de l'infortuné journaliste de Clicanoo, cette confusion n'est ni nouvelle, ni rare, ni totalement blâmable.
Car comme le rappelle l'Académie, « il existe deux mots "gent" en français ». Le premier, issu du latin genitus (né), adjectif de son état, a d'abord signifié « bien né, noble », puis « joli, gentil, gracieux ». De nos jours, il a quasiment disparu. On le retrouve presque exclusivement sous sa forme féminine dans l'expression « gente dame ». Descendant du latin gens (« nation, peuple »), le second, quant à lui, est un nom synonyme de race, d'espèce, de peuple, de famille. Exemple tout trouvé : la gent féminine. Nous y revoilà !
Comme je l'ai dit plus haut, la confusion entre les deux vocables est très fréquente. Elle le serait sans doute moins si, selon une pratique fautive mais irréversible, le substantif « gent » n'avait pris la mauvaise habitude de se prononcer comme le qualificatif « gente ».
Quoi qu'il en soit, il conviendra donc de retenir qu'une gent, qu'elle soit politique, journalistique, littéraire, masculine, féminine ou animale, ne prend jamais de « e » final. Mais je vous le concède, avec ces deux homophones-là, il y a matière à déjanter.
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