Lu hier : « En fin de journée, le secteur de Gillot est le dernier encore concerné par une mobilisation. » (Zinfos974)
Sans jamais daigner faire part des raisons de sa colère, voilà plus de deux siècles que l’Académie s’acharne contre le tour « être concerné par », qu’elle condamne au profit d’ « être touché par ». Dans leur combat, les Immortels ont trouvé en Jean Girodet et en Larousse (ce qui est assez étonnant) de solides alliés. Que reprochent-ils à ladite forme ? Simplement d’avoir cédé à l’influence néfaste de sa britannique cousine to be concerned.
De nombreux spécialistes de la langue se montrent moins farouches. Pourtant pas réputé pour ses penchants anglophiles, Littré estime que « cet emploi ne fait aucune difficulté ». Même ouverture d’esprit — et de frontière — chez Jean-Paul Colin et René Georgin pour qui, « concerner » étant un verbe transitif, rien ne s’oppose à ce qu’on en use à la voix passive. Hanse acquiesce, mais se veut plus nuancé. S’il cautionne la forme passive au sens d’ « être impliqué dans », « être touché par » il la condamne au sens d’ « intéresser », de « retenir l’attention ».
Peu touché par ces passes d’armes entre vétilleux linguistes, l’usage, comme d’habitude, n’en a fait qu’à sa tête. La tournure critiquée s’est répandue dans le langage courant à la façon d’une onctueuse crème anglaise sur un moelleux au chocolat. Hmmmmm, j’en vois que cela intéresse. En ce qui me concerne, je ne peux y résister.
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