vendredi 8 décembre 2023

Promenade en chanson

Lu, il y a une dizaine de jours : « Sa ballade d'hier, dans le cirque de Mafate […] » (clicanoo.re)

Pallier et pallier, censé et sensé, tâche et tache, détoner et détonner, gril et grill… Ils se comptent par centaines dans les colonnes de nos Dupont et Dupont de la langue, je veux parler de Larousse et Robert. Ils, ce sont les homophones. Proches cousins des homographes (mots qui ont la même orthographe, mais des sens différents), ils appartiennent à la grande famille des homonymes (mots identiques, soit par leur prononciation, soit par leur graphie). À l'oral, aucun danger, rien ne les distingue. Mais à l'écrit, ils sont nos pires ennemis. 
« Balade » (promenade) et « ballade » (poème, chanson) figurent en bonne place parmi ces faux jumeaux qui nous torturent les méninges. L'Académie nous apprend d'ailleurs que le confusion entre ces deux-là pourrait presque se justifier. Sous sa rubrique Dire, ne pas dire, la docte assemblée nous rappelle en effet que « le plus ancien ("ballade") s'est d'abord écrit comme le plus récent » ("balade"), raison pour laquelle les Immortels semblent manifester quelque inhabituelle « indulgence » envers ceux qui s'y seraient déjà brûlé les « l ». 
Mais de nos jours, les deux termes ont des emplois bien distincts. Emprunté à l'ancien provençal ballada, « ballade » désigne un poème ou une composition musicale. Il s'est donc d'abord écrit « balade » avant de prendre sa forme actuelle au XVe siècle. C'est cette ballade-là que l'on retrouve dans La ballade des pendus de François Villon. En revanche, c'est une balade avec un seul « l » (une promenade, donc), que Joe Dassin entreprend sur les « Champs », « le cœur ouvert à l'inconnu », dans l'espoir – qui sait – de croiser celle qui lui mettra… la corde au cou.

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