dimanche 15 septembre 2024

Paralympique, paraphasie, paratonnerre… Besoin d'un paracétamol ?

Thème favori de toute la presse du jour :
« La grande parade des athlètes français des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ».

Désolé d'arriver à la fumée du cierge olympique, mais je le confesse, j'ai procrastiné. Si, si. Oh ! je sais, vous allez me dire que l'exemple vient d'en haut. Justement… Ma honte n'en est que plus lourde à porter. 
Je m'étais en effet promis d'aborder un mot, qu'à moins d'être aveugle et sourd, vous n'avez pu rater si vous suivez un tant soit peu l'actualité sportive, en l'occurrence, l'adjectif 
« paralympique(s) ». Ce que je n'avais pas prévu, c'est que d'autres jailliraient des starting-blocks plus vite que moi, à commencer par mon maître ès-bonnes mœurs langagières, le linguiste Bruno Dewaele, auteur d'un récent billet intitulé Paralympique : quand l'étymologie est à géométrie variable. À retrouver, sans faute (une évidence pour un champion du monde d'orthographe), sur son blog À la fortune du mot.  C'est toujours aussi délicieux et au moins, ce n'est pas du réchauffé. 
Après avoir songé, pur orgueil de ma part, à déclarer forfait, je me suis finalement dit que mes enfants, les quelques amis et anciens collègues qui me font la bonté de me suivre et même mon ex-femme qui, une fois n'est pas coutume, fait partie de mes rares fans, avaient bien le droit de connaître le cheminement de ce terme aux origines bizarres et que, tout aussi bizarrement, l'Académie se refuse toujours à valider. 
Le commun des usagers de la langue n'y verra rien d'autre que l'association du « para– » de « paraplégique », de « paralysé » et du « –lympique » d' « olympique »… et il aura raison, ledit terme étant le fruit d'une union « mal formée », selon Aley Rey (Dictionnaire historique de la langue française), des mots anglais paraplegic et Olympics (Jeux olympiques), ce qui revient au même. 
Le site web des JO-2024 nous raconte que « l’histoire paralympique a commencé en 1948 dans un hôpital militaire, au nord de Londres ». C'est là que le neurologue anglais d'origine allemande Sir Ludwig Guttmann, à la recherche d'un moyen « d’accélérer le rétablissement de ses patients paraplégiques, tous vétérans de la Seconde Guerre mondiale », imagina de les confronter lors d'une épreuve de tir organisée en marge des Jeux olympiques. 
À l'époque, seuls les sportifs en fauteuil roulant y étaient admis. Malgré l'élargissement de la compétition à d'autres disciplines sportives mais surtout à tous les athlètes en situation de handicap, comme on dit de nos jours, l'évènement a conservé son appellation première. Les Jeux paralympiques se déroulant désormais dans les foulée des Jeux olympiques, d'aucuns ont considéré qu'il était grand temps de rapprocher l'élément « para- » de ses origines hellènes en lui restituant son sens initial, « à côté de », « auprès de », que l'on retrouve dans « parallèle, paraphrase, paragraphe, parapharmacie » ou dans cette fichue paraphasie qui me tourmente depuis mon plus jeune âge. N'y cherchez en revanche aucun lien de parenté avec le « para– », issu du latin parare (parer), présent dans « paravent, parachute, parapluie » ou « paratonnerre ».
Compliqué, n'est-il pas ? Besoin d'un paracétamol ? 

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