De Larousse à Robert en passant par Thomas, Girodet ou Colin, nombre de linguistes qualifient de populaire pour les uns, de familière ou pléonastique pour les autres, la locution « c'est là où ». « Là où » n'est en effet correcte, nous disent-ils, que lorsqu'elle n'est pas précédée de « c'est ». Dans ce cas, il convient de lui substituer « c'est là que ». Le problème, c'est qu'aucun d'entre eux n'assortit d'explications très claires cette prise de position à tout le moins péremptoire laquelle, à y regarder de plus près, semble tout autant relever d'un machinal copier-coller que d'une conviction solidement établie. Et c'est là qu'est le hic…
Curieusement, l'Académie ne se montre pas si tatillonne. Dans la 9e édition de leur dictionnaire, les locataires du quai Conti approuvent sans restriction ni distinction « c'est là où » et « c'est là que » au sens de « c'est à tel endroit, à tel moment, dans telle situation. Exemples proposés : « C'est là qu'il a vécu. C'est là où l'intrigue se noue, à ce moment de l'action. C'est là qu'il faut faire preuve de rigueur, dans ces circonstances ».
Plus nuancé, Grevisse observe – son passe-temps favori – qu'en réalité, il est des « contextes » dans lesquels « c'est là où » est « normal ». Pour justifier son constat, il se réfugie derrière la plume d'écrivains des plus fréquentables :
« C'est là où vous vous trompez. » (Roger Martin du Gard) ;
« C'était là où ses pieds avaient pris la sève mauvaise. » (Émile Zola) ;
« C'est là où le marchand de vin a organisé une sorte de table d'hôte. » (Edmond et Jules de Goncourt).
L'auteur du Bon Usage se garde bien, en revanche, de nous en dire davantage au sujet desdits contextes. C'est bien là que le bât blesse.
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